Nautilus

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écriture, Billets d'humeur, culture, histoire des sciences

« Presque incessamment, le Nautilus flottait sous les eaux. Quand il remontait à leur surface afin de renouveler son air, les panneaux s’ouvraient ou se refermaient automatiquement. Plus de point reporté sur le planisphère. Je ne savais où nous étions. »
Si Jules Vernes a baptisé le célèbre sous-marin de Vingt mille lieues sous les mers « Nautilus », c’est pour rendre hommage au céphalopode qui, il y a plus de 400 millions d’années, a inventé le principe de flottaison bien avant que nous le maîtrisions.
Le Nautilus est aussi le nom qu’a judicieusement choisi un presque tout nouveau webzine scientifique américain. Lancé en avril 2013, il donne accès gratuitement à de nombreux articles nous racontant la science et ses inextricables liens avec nos vies. Ce Nautilus-là flotte dans les eaux du web tel un fossile vivant et contemporain. Fossile car il arbore une vision romantique et intemporelle de la science. Contemporain et vivant car il est résolument moderne dans sa présentation et dans sa diffusion.

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Depuis quelques années déjà une nouvelle mode de magazine a vu le jour en presse. Nommés « magbook », ce sont de beaux bouquins qui paraissent tous les deux ou trois mois sur un thème donné. Allant à l’encontre de la mode du « toujours plus d’informations courtes et tout de suite », ils proposent souvent de long textes littéraires, de vrais reportages et une vision du monde légèrement flottante. Hors du temps.
Nautilus est un peu de cela. Mais sur le web ! Ce qui ajoute à son exotisme. Chaque mois, un thème est choisi : Mutations, Turbulence, Secrets, Temps, Incertitude, Big bangs, Vacuité, … Chaque semaine, tous les jeudis, une série d’articles plutôt longs paraît sur le site. Gratuitement.
Le site est sobre, pratique, élégant, graphique. La science sous ses plus beaux atours. Bien sûr tout cela est en anglais, c’est le seul point négatif. Mais qui n’est pas bilingue de nos jours ?!
Ses auteurs sont écrivains, scientifiques, ou les deux à la fois. Le thème est ainsi balayé par plusieurs points de vue. La perspective est tantôt biologique, mathématique, neuroscientifique, astrophysique, mythologique, conceptuelle, spirituelle, historique, ou romanesque. Comme un prétexte pour explorer les liens entre la science et nos vies, nos croyances, nos savoirs, nos arts, notre créativité et notre culture. Nautilus est la rencontre entre science et romance.

En effet, Nautilus se sert de la science comme d’un formidable réservoir d’histoires à raconter et à partager. L’équilibre est presque parfait entre histoires et faits, entre spiritualité et matérialisme. C’est un délice de lire ces articles comme celui-ci, qui questionne la définition du silence et ses résonnances avec les neurosciences, ou celui-là, qui décrit l’histoire passionnante du physicien et mathématicien Lewis Fry Richardson, l’inventeur, avant l’heure des ordinateurs, de la recette algorithmique et pratique de résolution des équations de la dynamique des fluides, permettant ainsi les prévisions météorologiques. Ou encore celui écrit par le paléontologue Peter Ward narrant sa vie aventureuse de recherche sur les Nautilus, ces fossiles vivants qui ont survécu des millions d’années pour être soudainement menacés d’extinction par l’homme.
Mais les articles passionnants sont bien trop nombreux pour qu’ils soient cités exhaustivement ici.

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Nautilus est aussi le seul magazine scientifique avec à sa tête quelques philosophes parmi les électriciens. Il est né de l’initiative de John Steele, le directeur éditorial et l’éditeur du magazine. Avec un diplôme de philosophie en poche et une carrière plus qu’éclectique, il a voulu créer « une version New Yorker du Scientific American ».
Ses sources de financement proviennent pour l’instant de la John Templeton Foundation, une fondation américaine, créée en 1987, qui veut promouvoir la recherche interdisciplinaire notamment axée sur des questions mêlant religion, spiritualité et science. Si ce financement est suspicieux, il est supposé être temporaire, le temps de trouver un moyen de rentabiliser financièrement l’expérience.
Cependant, force est de constater que Nautilus est écrit par des journalistes, scientifiques ou écrivains, connus et souvent free-lance. Loin de tout idéal religieux. De plus, l’aspect spirituel, s’il est bel et bien présent, ne tombe néanmoins pas dans l’obscurantisme et apporte une sensibilité particulière, souvent absente des magazines scientifiques. Après tout, n’est-ce pas le but de tout scientifique que de réfléchir sur le pourquoi de la vie, de la matière, de l’existence ? N’est-ce pas ce type de question qui permet aussi de nous interpeller sur les significations des nouveaux résultats scientifiques ?

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Nautilus, donc, sur le web, chaque jeudi.
Il est également possible de s’abonner à une édition papier qui paraît tous les trois mois.

 

1 thoughts on “Nautilus”

  1. Nautil.us est franchement a recommander.On est réconcilié avec la science car comme des enfants,on adore les histoires.
    Zappez le reste de mon propos et précipitez y.
    Quel nombre impressionnant d’articles sur tous les sujets:.
    comment l intelligence peut devenir collective dans une ville de st Francisco ou au Cern, les savants oubliés avec un Nicole Oresme du bas moyen âge qui te représente la fonction y=f(x) , la position y en fonction du temps y=t au carre lorsque la vitesse est linéairement croissante (chute des corps) et bien d’autres cogitations que je vous laisse découvrir 
    Il a pu exercer grâce au meilleur roi que la France ait eu (Charles V méconnu lui aussi) a ne pas confondre avec Charles Quint .
    Pour rebondir sur l’intelligence collective, ou plutôt efficacité collective, on peut penser à la fourmilière qui prend le chemin le plus court vers son lieu de ravitaillement en appliquant la règle simpliste du suivi des phéromones (pour un nombre donné d’ouvrières le passage court aura plus d’odeur que le passage long).
    En appliquant des règles vertueuses et simples, on peut rendre la collectivité plus efficace. Chaque fourmi peut explorer un chemin différent et contribuer à trouver le chemin optimum . Le gros avantage de la nature c’est que les règles inefficaces disparaissent d’elles mêmes. Pour revenir aux savants ou aux découvertes oubliées ce sont des fourmis que les autres n’ont pas suivies mais qui avaient trouve la voie.
    Comment faire naitre les règles vertueuses et surtout éliminer les autres …
    Je vous laisse cogiter la dessus…

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